Logements vides : la stratégie de la région bruxelloise pour les réhabiliter

Il y a environ 558.000 unités de logement en région bruxelloise. Entre 15.000 et 30.000 unités sont inoccupées, parfois pour des raisons légitimes (comme la réalisation de travaux ou l’attente de la délivrance d’un permis), souvent sans raisons valides. Pour s’attaquer à ce problème, la Région s’est dotée en 2011 d’une cellule chargée d’identifier les cas d’inoccupation infractionnelle, de sanctionner les auteurs de ces infractions et de les inciter à réhabiliter leurs biens. Pour en savoir plus, j’ai pris rendez-vous avec Cassio Lopes, coordinateur de la cellule logements vides de la RBC …

La cellule « logements inoccupés » se trouve à l’intérieur du CCN (Centre de Communication Nord), au milieu de la rue du Progrès. J’ai aujourd’hui rendez-vous avec Cassio Lopes, qui y occupe – depuis la création de la cellule, en 2011 – la fonction de coordinateur. Nous avions eu un premier contact par mail, le 11 février dernier, dans lequel il s’étonnait qu’Ezelstad ait – dans un de ses articles – fait l’impasse sur une partie du travail accompli par la Région en matière de lutte contre l’inoccupation. Afin de corriger cet oubli, nous consacrons ici un deuxième article sur la problématique des logements vides, telle qu’elle est comprise au sein de cette cellule, service public régional qui regroupe aujourd’hui 7 personnes. J’ai demandé à Cassio Lopes quels étaient les moyens dont disposait aujourd’hui le Région pour identifier les logements inoccupés …

1. Comment identifier un logement inoccupé ?

« Il y a des pays – précise Cassio Lopes – comme le Royaume-Uni, où l’inoccupation pose aussi beaucoup de problèmes et où les municipalités ont carrément mis en place des systèmes de dénonciation. Ça, chez nous, ce n’est pas envisageable du tout, parce que dès le moment où on a pris l’ordonnance qui créait l’amende et qui créait notre service, on a mis en place toutes sortes de boucliers pour faire en sorte que les informations soient confidentielles et que le système d’identification soit très encadré. Donc (…), on travaille sur base de plaintes ou sur base d’initiatives. Les plaintes, elles ne peuvent pas émaner de n’importe qui. »

 La cellule coordonnée par Cassio Lopes identifie les logements inoccupés soit sur base d’initiatives (et d’enquêtes sur le terrain), soit sur base de plaintes issues de communes ou d’associations agréées. « On peut identifier les logements inoccupés de deux manières, soit sur base d’initiatives, donc des inspecteurs peuvent descendre sur le terrain repérer un bien, prendre note et faire les recherches nécessaires au bureau pour déterminer si c’est inoccupé ou non, soit sur base de plaintes. Donc, notre service peut être saisi par les 19 communes ou bien les associations agréées [comme le RBDH] » (Interview de Cassio Lopes, le 26 février 2015)

La cellule peut ensuite utiliser la liste des compteurs qui indiquent une très faible consommation d’eau et d’électricité pour corroborer ces observations. Depuis le 6 décembre 2012, elle dispose d’une liste des adresses dont la consommation est inférieure à un certain seuil. Mais, le service ne peut pas prendre ces chiffres pour argent comptant :  « Il peut y avoir des faux positifs – précise Cassio Lopes – des logements identifiés comme inoccupés et qui ne le sont pas, et des faux négatifs aussi , c’est-à-dire des logements qui dans les faits sont inoccupés mais qui n’apparaissent pas dans ces listes».

« On reçoit des listes avec des milliers d’adresses. Cela ne veut pas dire que tout est inoccupé. Il faut une enquête pour révéler si c’est inoccupé ou pas. (…) On peut soit prendre toutes les adresses, et se dire ‘on va tout vérifier’. On a fait ça une fois, pour une commune, la commune d’Anderlecht, mais ça demande un travail fou. On a ratissé toutes les rues d’Anderlecht, avec toutes les adresses en notre possession, pour un résultat qui était très en-deçà de ce qui était espéré. Donc, en fait, la partie qui s’est avérée réellement inoccupée c’était seulement 5% de l’ensemble des adresses que l’on avait. Donc, c’était beaucoup d’énergie pour peu de résultats. Et, donc, on estime beaucoup plus fiable de travailler sur base d’une présomption préalable et d’aller vérifier si cette présomption se confirme dans la liste. Alors, nous utilisons ces critères de consommation comme des critères corroborant la présomption d’inoccupation » (Interview de Cassio Lopes, le 26 février 2015)

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2. A quand un inventaire précis des logements vides en RBC ? 

Pour le moment, il n’y a pas d’inventaire précis et exhaustif des logements inoccupés. Cassio Lopes juge qu’il faudrait du personnel et des ressources supplémentaires pour mener cette tâche à bien. « On est très demandeur d’un inventaire qui soit réalisé une fois, ponctuellement, pour réaliser l’ampleur de l’inoccupation sur le territoire régional. Pour cela (…) il faut établir une méthodologie… Nous en tant que service, on n’a pas les ressources pour le faire. »

« A travers un outil cartographique (BruGIS), on viendrait y placer – nous – les logements identifiés comme inoccupés. Et, donc la commune aurait accès aux informations qui concernent sont territoire et elle aurait même l’information sur le statut du dossier. Est-ce qu’il y a eu enquête ? Est-ce que le propriétaire a été averti ? Est-ce qu’il a eu une amende ? Est-ce que le problème est résolu ? Et, donc, ça c’est vraiment ce que l’on souhaite faire : faire en sorte que la commune ait un feedback en temps réel (…). Ça se met en place, progressivement. » (Interview de Cassio Lopes, le 26 février 2015)

Tentative d’inventaire, www.logementsvides.be (source : EP)

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