Ces GASAP sont des groupes qui s’associent avec des producteurs locaux pour leur acheter leurs produits de saison : légumes, fruits, fromage, etc. Grâce à ces groupes, ces agriculteurs parviennent aujourd’hui à court-circuiter le système de la grande distribution, c’est-à-dire à écouler leur production à un prix décent sans passer par la case « intermédiaires ». J’ai demandé à Anne Closset – réalisatrice d’un documentaire sur la CSA (Community-Supported Agriculture) – de m’en dire davantage sur ces fameux « groupes d’achat ».
1. Le point de départ
Je lui ai demandé quel a été le point de départ de son film sur l’alimentation et les groupes d’achat solidaires de l’agriculture paysanne (GASAP). Elle m’a répondu que c’était – tout simplement – le groupe d’achat de son quartier. Elle me le décrit comme d’un lieu de rencontre. Un point de lien social à l’intérieur d’un quartier où des gens – qui se côtoyaient sans forcément se connaître – prennent aujourd’hui du plaisir à se retrouver tous les quinze jours autour de cette préoccupation commune : comment remplir les frigos et les armoires ?
« Cela part d’un groupe d’achat de mon quartier, dans lequel je suis inscrite ; un groupe d’achat solidaire de l’agriculture paysanne. En commençant cette expérience, il y a cinq ans, j’ai commencé à me poser plein de questions, au fil du temps. En rencontrant le producteur qui nous apportait les légumes tous les quinze jours (…), en discutant avec d’autres producteurs du réseau et en m’invitant dans ce réseau bruxellois qui est en train d’émerger depuis 2006, en sentant toute cette dynamique citoyenne qui était en train de se mettre en route (…), j’ai eu envie de faire ce film, parce que je me rendais compte à quel point, nous – citoyens – avons vraiment un pouvoir de changement sur le monde ».
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2. Des liens qui se créent entre voisins
Pour Anne, les groupes d’achat de types GASAP, AMAP ou CSA permettent aux « mangeurs » de créer de véritables liens avec le voisinage. « Comme il y a un rituel de rencontre tous les 15 jours ou toutes les semaines – explique-t-elle – cela récréée une vie social, avec des gens que l’on ne connait pas. Et, il y a des projets qui naissent de ça, de ces rencontres ». Au-delà des préoccupations des uns et des autres pour la « consommation responsable », « l’environnement » ou la « santé », il y a un aspect social au sein de ce groupes : Anne me parle du plaisir de se rencontrer autour de ces paniers.
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3. Des liens qui se créent entre ceux qui mangent et ceux qui produisent
Anne m’évoque ensuite le « lien direct » qui peut se créer entre acheteurs et producteurs. Au sein de la grande distribution, les uns et les autres sont de parfaits anonymes. Si bien que le désir du producteur de fabriquer des produits de qualité et d’en faire profiter les autres peut s’effacer derrière des considérations fonctionnelles et économiques. A contrario, dans les groupes d’achat de type GASAP – qui privilégient les circuits courts – des liens directs se forment entre producteurs et « mangeurs ». Anne parle du groupe d’achat comme d’un « partenariat ; un relation entre des producteurs et des clients désireux de protéger l’économie locale, l’environnement local, mais aussi la qualité et la valeur du travail agricole.
« Je pense que le fait de rétablir un lien direct fait que – implicitement – cela va agir sur notre manière de consommer. Si je connais la personne qui a fabriqué mes chaussures, par exemple, et si je sais ce qu’elle a mis pour les fabriquer ces chaussures … je ne vais pas les jeter après un an. (…) C’est la même chose avec ces paniers : je n’ai jamais envie de jeter un légume ».
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4. Les circuits courts, de Bruxelles à Zagreb
De proche en proche – caméra à l’épaule – Anne a voulu remonter ces circuits qui relient les groupes d’achats bruxellois aux producteurs locaux qui se chargent de les approvisionner. De fil en aiguille, ce voyage – qui débute en Flandre et en Wallonie – l’amène sur les routes de France, ou l’aventure des AMAP (Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) a commencé. Cette exploration des réseaux CSA l’amène jusqu’à Zagreb, en Croatie, ou de nombreux groupes d’achat de type CSA sont aujourd’hui en train de se développer.
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5. L’avant-première du film
Le samedi 14 février 2015, les Halles vous invitent à l’avant-première du film « Autrement (avec des légumes) » : documentaire qui évoque les liens qui peuvent se créer entre ceux et celles qui fabriquent les produits agricoles et ceux et celles qui les consomment. L’avant-première aura lieu le 14 février 2015 aux Halles de Schaerbeek et commencera à 20.30. La projection sera suivie d’une rencontre avec la réalisatrice et les protagonistes du film. L’entrée est gratuite. La réservation obligatoire. Ne tardez pas. Il ne reste que très peu de places.