Dans le cadre du projet Bruxelles, mode d’emploi, nous mettons chaque semaine une nouvelle ressource à l’honneur. Aujourd’hui : les ateliers vélo !
Nos sociétés ont développé une forte dépendance aux hydrocarbures et elles en payent aujourd’hui le prix fort. Pas seulement en termes de qualité de vie, de santé publique et d’écologie, aussi en termes de paix. C’est notre dépendance à l’égard de ces ressources qui fait que nos Etats s’empêtrent – ici en Europe – dans des guerres sans fin, là-bas dans le monde arabe. Or, les solutions à ces problèmes énergétiques, sociaux et écologiques existent. Certains de ces solutions de trouve ici, sous nos yeux, depuis plus de 40 ans : au début des années 1970 – au moment du premier choc pétrolier – on a vu émerger à Bruxelles des initiatives destinées à permettre aux gens de se déplacer sans carburant. C’était vu à l’époque comme quelque chose de tout à fait curieux et loufoque, nous explique Jean-Luc Breuer, ancien directeur-coordinateur des ateliers de la rue Voot.
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“Quand il y a eu le premier dimanche sans voiture en 1974 – c’était le premier choc pétrolier (…) – c’était une époque où le robinet du pétrole était fermé. Les gouvernements européens ont du prendre des mesures d’exception : il y a eu les fameux dimanches sans voitures. C’était tous les dimanches, sans voitures ! Absolument tous les dimanches. Les gens étaient dans un situation un peu difficile et l’idée c’était de leur montrer qu’il y avait moyen de se déplacer à vélo. Que c’était une possibilité, qu’il y avait des triporteurs, des tandems, des tas de choses possibles à vélo. Ce qui était vu à l’époque comme complètement utopique, baba cool… C’est comme ça que l’atelier vélo a été lancé en 1974, un atelier pédagogique de réparation et d’entretien. Les gens apprennent à réparer et à entretenir leurs vélos” (Interviewu de J.-L. Breuer, ancien directeur-coordinateur des « Ateliers de la rue Voot », janvier 2015)
Affiche de 1973 – Crédit photo – David Falconer (U.S. National Archives and Records Administration)
Les ateliers de la rue Voot organisent depuis lors des ateliers pédagogiques ouverts et des formations en mécanique vélo. L’idée est de permettre à chacun(e) de s’exercer à changer une roue, à réparer une fuite… Plus récemment – avec la montée en flèche de l’usage du vélo en région bruxelloise – les ateliers ont commencé une collaboration avec la coopérative bruxelloise
Vélo Fabrik, visant à apprendre aux cyclistes bruxellois à monter de nouveaux vélos de A à Z : vélos traditionnels, vélos électriques, vélos pour 3 (
Bike43), triporteurs etc. Sachez par exemple qu’il vous suffit d’une douzaine d’heures de travail – réparties de 3 ou 4 séances – pour apprendre à monter votre propre vélo électrique ! Une question vous taraude peut-être : un fabricant de vélos ne se tire-t-il pas une balle dans le pied en apprenant à des cyclistes à faire le boulot par eux-mêmes ? Non, répond Jean-Philippe Breuer.
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Crédit photo : Voot
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« ça a démangé par mal de gens, notamment des vélocistes, qui ont commencé à dire « c’est quoi c’est gens? Ils viennent nous prendre nos clients? ». Et puis ça s’est quand même calmé, car ils ont réalisé qu’en autonomisant les gens, en apprenant aux gens à réparer et à entretenir leurs vélos eux-mêmes, on en faisait des vrais cyclistes. Et un vrai cycliste c’est quelqu’un qui va chez le vélociste du coin, qui finit pas savoir quelle chambre à air il doit acheter, quel pneu, quel câble, et qui fait le travail lui-même. Et, puisque l’on sait que les petites réparations chez les vélocistes, ce n’est pas un truc qui les intéresse, parce que ça prend du temps et que ce n’est pas vraiment rentable par rapport à leur mode de fonctionnement, eh bien finalement on les soulage de quelque chose (…) Autonomiser les gens, ça ne veut pas dire qu’ils ne mettent plus le pied dans un commerce ; ça veut dire qu’il y a des tas de choses qu’ils commencent à faire eux-mêmes, donc à la limite, quand ils iront acheter, ils iront acheter en connaissance de cause. Désolé, mais là on est dans le cadre de la liberté d’expression ».
Carte générée à partir de la carte des ressources partagées « Bruxelles, mode d’emploi«