Entre eux, les enseignants de l’école 14 l’appellent « la famille ». On peut l’appeler « classe-passerelle », « DASPA » (voir encadré), ou tout simplement « la classe », elle assure aux élèves non francophones une transition vers une classe lambda, celle de leur âge, une fois le français oral suffisamment maîtrisé. Celle de l’école 14 a été ouverte en octobre pour répondre à l’afflux d’enfants de réfugiés, arrivés en masse cet été.
Ce « cocon », cette « bulle de ouate », comme le dit la directrice, Madame Malisoux, doit les protéger de l’échec à leur arrivée à l’école. Entre la cage aux Ours et le pont Van Praet, l’établissement accueille depuis toujours des migrants fuyant guerre, misère ou dictature, mais c’est la première fois que ce dispositif spécifique y est mis en place, et c’est à ce jour la seule classe de ce type dans le réseau communal de Schaerbeek.
A l’école 14 il n’y en a qu’une pour tous les niveaux de primaires, et pour accueillir une quinzaine d’enfants syriens, irakiens, mais aussi grecs ou angolais. Certains n’ont jamais mis les pieds dans une école auparavant. Un vrai défi pour leur institutrice, Julie, en tout début de carrière, qui face à ses élèves a choisi de ne pas poser de questions sur leurs parcours, pour continuer de les voir « juste comme des enfants », comme « ses petits loups », heureux d’être là où ils ne risquent plus leur vie. « Je n’ai pas de formation de psychologue, dit-elle, donc je ne sais pas ce que je pourrais faire. Je me dis qu’on est en classe, qu’on va penser à autre chose : on va s’amuser, on va chanter, on va vivre plein de choses ensemble ».
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Pas d’histoires de guerres, donc. Ni de traversée. Certains traumas ressortent parfois au détour d’une journée anodine, comme cette petite Syrienne arrivée l’année dernière et qui se cachait sous son banc à chaque sonnerie de récréation. Sans réelle formation spécifique à ces questions, l’équipe de l’école 14 doit apprendre sur le tas. Devoir communiquer avec les mains pour remplir les papiers administratifs avec les parents d’élèves. Reprendre les élèves d’un même pays qui parlent dans leur langue. Voir que les bagarres de cour de récré cessent avec l’acquisition du français. Trouver du matériel scolaire et organiser une collecte de vêtements chauds pour ces enfants qui sont arrivés sans bagages. Devoir composer avec des enfants jamais scolarisés et qui ne savent pas rester assis durant toute l’heure de classe.
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Dans cette école où, selon les estimations de la directrice, seuls 10% des élèves ont deux parents francophones, les familles de réfugiés sont parmi les plus concernées par l’intégration de leurs enfants, et elles participent massivement aux cours de français dispensés gratuitement aux parents deux matinées par semaine. En novembre, lors du déploiement policier autour de l’école, ce sont elles qui se sont montrées les plus sereines.
En janvier les enfants de « la famille » partiront en classe verte. Le professeur de religion islamique, d’origine syrienne, épaulera Julie durant ces trois jours. Sa présence rassure les parents, qui pour la plupart laissent pour la première fois leur enfant partir loin d’eux. Les petits trépignent à l’idée de passer quelques jours dans cette campagne belge si exotique, et aucune famille ne leur a refusé l’échappée belle.
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Texte et photos : Isabelle Ricq
Bonjour,
Actuellement au chomage, j’ai beaucoup de temps à donner aux autres ! Et je trouve cette classe superbe ! Je ne sais pas si vous avez besoin particuliers en termes de bénévolat … J’ai 26ans, diplômé d’une licence d’économie, j’ai enormement travaillé dans les centres de loisirs quand je vivais en France ! Je suis d’une nature sociale, et positive prête à aider des familles !
Bonjour Johanna, merci pour ton message
je te mets en contact avec isabelle 🙂