À la demande de certains : voici la traduction française du texte de David Van Reybrouck, concernant l’importance de la nature en ville au XXIème siècle (publié le 28 avril 2020).
Le parc Josaphat (à gauche sur la photo) est cité, année après année, comme « le parc préféré des Bruxellois« . Il remplit pleinement sa fonction pendant le confinement. Mais, ce que peu de gens savent, c’est qu’à un jet de pierre de là, il y a une zone qui fait presque la même taille : la Friche Josaphat, ou « la Friche » en abrégé (à droite sur la photo). Il s’agit d’une ancienne gare de triage de la SNCB d’environ 25 hectares qui n’a plus été utilisée depuis les années 90 ; une voie ferrée la traverse toujours.
Comme la zone n’est pas accessible au public, elle a pu se développer ces dernières années pour devenir une improbable zone naturelle. Les biologistes de terrain ont identifié un nombre phénoménal d’espèces : 985. Notamment, 110 espèces d’oiseaux (ce qui est énorme dans un contexte urbain), 150 espèces d’abeilles sauvages (une des meilleures zones apicoles de Belgique) et 29 espèces de libellules (dont certaines sont très rares). Cela en fait un exemple classique de ce que l’on appelle le « re-wilding« , c’est-à-dire le retour indispensable de la terre des hommes à la nature pour que la biodiversité s’y rétablisse.
Vue du ciel, la Friche ressemble à un paradis en forme de poire. Seulement : il y a de l’orage dans l’air au sein de ce paradis. Samedi et lundi, une pelleteuse est venue creuser plus de 1000 mètres carrés et perturber une zone humide où les oiseaux se rassemblent et où les libellules se reproduisent. Il n’y avait pas de permis de construire ; il s’est avéré qu’un permis n’était pas nécessaire, il ne s’agirait que de travaux préparatoires en vue d’une éventuelle étude à grande échelle sur le pollution des sols.
Comment cela est-il possible ? Il y a une dizaine d’années, la Région de Bruxelles-Capitale a désigné dix zones pour l’expansion du parc de logements de la capitale. La Friche était l’un d’entre eux. Les plans étaient ambitieux : il y aurait plus de 1 400 logements, en plus d’une gare RER, de bureaux, de magasins…En toute honnêteté, ces plans n’étaient pas si mauvais. Ils visaient une bonne mixité sociale des résidents (pas seulement des yuppies ou des hipsters), une bonne connexion aux transports publics (la gare d’Evere était déjà là), il n’y aurait pas seulement de la vie mais aussi du travail (la VRT espère y établir un jour son nouveau siège), etc.
Les plans n’étaient pas si stupides que ça… en 2010. Entre temps, de nouvelles connaissances sont venus enrichir notre compréhension du dossier.
Depuis lors, le réchauffement climatique est devenu une réalité et nous savons que les villes ne peuvent rester vivables que si elles prévoient un « adoucissement » : des zones où la chaleur n’est pas stockée dans les pavés, les dalles ou les toitures pendant la journée. Depuis lors, nous savons que les zones accidentées sont essentielles à la restauration de la biodiversité. Depuis lors, nous savons de le confinement va durer et que les espaces verts sont plus nécessaires que jamais dans les quartiers urbains densément peuplés, en particulier lorsque le Corona ou d’autres virus continuent à déterminer nos vies.
Surtout, nous savons depuis lors que la croissance démographique de Bruxelles est plus lente que prévu et que la pénurie de logements est moins importante qu’on ne le pensait il y a dix ans.
À temps nouveaux, perspectives nouvelles … Il n’est donc pas étonnant que le projet Josaphat ait récemment été confronté à un déluge d’objections, lors de l’enquête publique sur le PAD qui s’est achevée en décembre 2019. Officiellement, aucune décision n’a encore été prise ; la Région va devoir se décider prochainement, mais il est plus important que jamais d’ajuster ces plans dépassés.
La Région a décidé – et c’est tout à son honneur – de commander de nouvelles études d’impact environnemental. Mais alors, pourquoi envoyer les tractopelles à la Friche samedi dernier sans aucune communication ? En plein confinement, en pleine saison de reproduction, un samedi matin, et bêtement ? Aucune idée. Mais c’était dégoûtant. Un choc pour tous les volontaires qui étudient la Friche depuis des années et travaillent à la protection du site. Het was een kaalslag en een kaakslag. Kaalslag voor een flink stuk Brusselse natuur, kaakslag voor alle vrijwilligers die al jaren de Friche bestuderen en ijveren voor een bescherming van de site.
Que pouvez-vous faire ?
a) Faire tourner ce texte
b) Signer cette pétition
c) Suivre la page ‘Sauvons la Friche Josaphat‘
d) Écrire au Ministre-Président Vervoort, responsable du développement territorial et de la rénovation urbaine
—–
Lien vers le texte original: David Van Reybrouck
Il faut faire toutes les propositions citées au- dessus. Demander pour les personnes qui vont au parc de vous aidez et faire um grand mouvement .