Wijkpartenariaat : améliorer la vie du quartier Brabant

J’ai vécu cinq ans dans les quartiers Nord et Brabant. Je connais bien le coin. Venez, je vous y emmène. Aujourd’hui, on parlera de précarité avec Cani Nas, responsable du Wijkpartenariaat : une association flamande qui cherche à améliorer la qualité de vie du quartier Brabant en partenariat avec ses habitants.

Au numéro 58 de la rue Dupont, un groupe d’enfants attend, bagages à la main. Par cette belle matinée de printemps, les discussions sont animées et les sourires sur toutes les lèvres ; ils s’apprêtent à partir pour un voyage à vélo dans le nord du pays. Cette activité – visant à offrir des excursions à petits prix aux habitants du quartier –  est organisée par Ratatouille ; une des organisations ayant élu domicile dans la maison que gère Wijkpartenariaat.

Les bureaux de l’association Wijkpartenariaat sont situés au deuxième étage de la maison. Sur les murs – repeints en vert et blanc – se trouve une immense banderole avec une inscription sur fond noir : « Vereniging waar armen het woord nemen ». « L’association où les pauvres prennent la parole ». Cani m’ouvre la porte, m’accueille chaleureusement et m’invite à prendre place dans son bureau. Elle travaille ici depuis 16 ans ; cela fait seize ans qu’elle accueille et écoute des personnes en situation de grande pauvreté.

Il arrive hélas bien souvent – précise-t-elle – qu’elle ne puisse pas apporter de solutions aux problèmes des gens qui viennent la consulter. Dans ce cas, elle essaie tant bien que mal de les orienter vers les lieux et les services appropriés …

« L’association existe depuis près de vingt ans, elle a été crée à la suite d’un constat d’appauvrissement de Bruxelles. La VUB et Samenlevingsopbouw ont effectué une recherche pour identifier les quartiers les plus défavorisés de Bruxelles ; et Brabantwijk, le quartier Brabant, a été considéré comme un des plus pauvres de Bruxelles ».

DSC_9719

 

Libérer la parole

« Les gens dans la pauvreté, ils ne sont pas en train de courir pour montrer leur situation hein ! On est souvent gêné de parler des problèmes qu’on vit chaque jour. » Le travail de l’association consiste donc aussi à motiver les personnes à parler. Cani explique qu’iI faut créer des conditions favorables pour que les gens se sentent à l’aise, que la parole surgisse. Mais, ce n’est pas facile tous les jours : « les gens sont crevés », fatigués de ressasser leur problèmes. Et, malheureusement, les pouvoirs publics ne font pas grand chose pour leur simplifier la vie et les aider à faire valoir leur droits …

 

DSC_9167

 

« L’association devient aussi précaire que ses usagers », car les subventions ne cessent de diminuer. « Nous devons répondre à six critères, six exigences, sans quoi les subventions sont rabotées, voir supprimées » : créer des rencontres, accueillir chaque année un nombre bien déterminé de personnes précarisées, les « émanciper », changer les structure et rentrer en dialogue avec la société et le gouvernement … « On est mis sous pression, et parfois forcés d’abandonner certains de nos programmes. C’est dur ».

Je demande à Cani des nouvelles de Thomas, « ah ! Thomas nous avons du réduire son temps de travail, pour des raisons de subsides, il est là les autres jours de la semaine ». La réalité sur le terrain n’est pas simple – poursuit-elle. Les gens qui sont dans le besoin sont crevés de raconter leurs histoires, ils sont quelquefois découragés. Ils dépensent une énergie folle à courir après des papiers pour avoir quelques petites réductions. L’association se bat pour faciliter leurs démarches administratives.

« Il y a des gens qui doivent passer tout leur temps à chercher un logement. [Ils se retrouvent dans une position où] il faut oublier la santé, il faut oublier de profiter de la vie, il faut oublier de manger, de se laver. Il faut oublier… de venir chez nous, dans notre organisation pour participer aux activités. Il faut oublier tout ça. Tout ce qui est bien pour le moral, il faut l’oublier.

 

Une association plurielle

Outre le projet « De Schakel » qui vise à soutenir les populations défavorisées du quartier avec la participation de celles-ci, l’association Wijkpartenariaat a lancé des projets comme Atrium – en collaboration les commerçants locaux – et Hogeschool Buurtwerking, en lien avec les habitants et les étudiants des écoles supérieures. L’assocation organise par ailleurs une foule de petites activités de quartier : excursions, cours de vélo, ateliers culinaires, groupes de parole, cours d’informatique, groupe de travail « santé mentale », ciné-club, soirées rencontres, activités de gymnastique …

Dernière initiative en date : la création du reisbureau pour les personnes à budget limité. Il s’agit de réduction pour l’accès à des parcs comme le zoo d’Anvers, à des musées…  Avec ce projet les gens sont autonomes, ils peuvent réserver aller sur place régler les montants sans donner des justificatifs, sans être stigmatisés. «  Les pauvres ont les mêmes droits que les personnes aisées, ils doivent pouvoir bénéficier de toutes les infrastructures qui existent …». Les pauvres paient aussi à leur niveau.

Avant de se quitter, Cani me rappelle que l’association est toujours à la recherche des bénévoles parlant les deux langues …

_

Par Habiba

Leave a Reply