La reconversion des bureaux en logements

Il y a – en région bruxelloise – plus d’un million de mètres carrés de bureaux vides. Depuis quatre ans, de nombreux projets visent à reconvertir ces surfaces de bureau inoccupées en unités de logement de haut et moyen standing … tout à fait impayables pour la majorité des habitants de cette ville.

Bruxelles est – après Zürich – la capitale européenne qui comprend le plus grand nombre d’unité de bureaux par habitants. Un parc de 13 millions de mètres carrés, avec 8% de vacance immobilière. Des associations locales telles que IEB demandent depuis 2009 un moratoire sur la construction de nouveaux bureaux, ou à tout le moins – comme le suggère ici Isabelle Hochart (IEB) – l’interdiction de la construction de bureaux non-convertibles en logements. Des solutions dont les autorités régionales ne semblent pas vouloir entendre parler. Elles ont préféré adopter une politique de « reconversion ».

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Ces quatre dernières années, la Région a en effet soutenu de nombreux projets visant à reconvertir des surfaces de bureaux inoccupées en unités de logement. Pour Ilham Bensaïd, du Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat (RBDH), « ces projets de reconversion de bureaux en logements se multiplient, mais sont essentiellement menés par des promoteurs privés qui trouvent très rentable de faire, à partir de bureaux, des logements de haut standing, de grand luxe, qui évidemment ne s’adressent pas au public qui a besoin de pouvoir se loger décemment et à prix abordable »

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Pendant ce temps, la région bruxelloise continue – de temps à autres – à accorder des permis pour la construction de nouvelles tours, comme dans le Quartier européen, où le taux de vacance dépasse aujourd’hui les 12%. Je suis allé voir Alain Dewez – administrateur du GAQ (Groupe d’Animation du Quartier Européen) pour qu’il m’en dise davantage sur ce problème de bureaux inoccupés. Son analyse rejoint celle d’Ilham Bensaïd …

« Pour l’instant, il n’y a que les personnes qui ont un salaire élevé et de classe moyenne qui peuvent acheter ou louer dans le coin (…). La mixité sociale on y pense pas. Et, alors, la ville de Bruxelles nous dit qu’on n’a pas le pouvoir d’obliger un promoteur immobilier à avoir des appartements à loyers modérés. C’est incompréhensible! Je veux dire : soit on a la maîtrise de l’avenir de la région et de la ville, soit on ne le maîtrise pas et on arrête et on donne la place à quelqu’un d’autre (…) ».

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Un exemple près de chez nous : le schéma directeur Reyers prévoit la reconversion des bureaux vides du quartier Marcel Thiry-Pléiades en un quartier de logements, d’équipements et de loisirs : il s’agit pour la plupart d’immeubles à appartements de moyen standing, comme T-House, avec des prix d’environ 220.000 euros pour un 67 m2 (IGH Sprl). Les projets de construction de logements publics à bas prix sont beaucoup plus rares et plus modestes. Exemple à Schaerbeek : en 2014, seules vingt-cinq unités de logement sont venues se rajouter au parc immobilier du Foyer Schaerbeekois.

 

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La tour Léopold, à la limite entre Evere et Schaerbeek, sera prochainement reconvertie en 200 unités de logement. Le projet est attendu pour 2017.

 

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Pour aller plus loin …

Comments

  1. lire également à la page 30-31 de la revue Art.23 du RBDH.
    sous-titre « Convertibilité des bureaux vides en logement » et encart exemplatif « Projet «Livingstone »opéré par Cofinimmo »

    http://www.rbdh-bbrow.be/IMG/pdf/rbdh_article_23_57_fr_web.pdf
    Nous y écrivions à quel point les immeubles reconvertis sont forcément plus chers par leur foncier et l’ampleur des travaux, et donc plus prestigieux qu’une offre de logement classique et une offre socialisée soutenue par la Région.

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