Dimanche dernier, j’ai rencontré deux volontaires du repair café de Schaerbeek. Ils m’ont parlé de leur intérêt pour la récup’, et des objets qui sont passés entre leurs mains (et celles des autres bénévoles) lors de l’année écoulée.
L’obsolescence programmée c’est le fait, pour une entreprise, de réduire intentionnellement la durée de vie ou d’utilisation d’un de ses produits afin d’en augmenter le taux de remplacement. L’acquéreur déçu peut alors chercher à défendre ses droits de consommateur auprès d’un service après-vente – où on lui expliquera sans doute que le prix de la réparation dépasse le prix de l’appareil – ou bien exercer ses « droits de réparateur » en cherchant à comprendre comment fonctionne l’appareil.
Et, on a justement la chance de vivre dans une ville qui compte un grand nombre de repair cafés, animés par de généreuses équipes de volontaires qui cherchent à partager leurs savoir-faire en matière d’électro, d’informatique ou de couture. Dimanche dernier, j’ai eu la chance de rencontrer deux de ces volontaires : Jérôme et Jérôme, du repair café de Schaerbeek. Ils m’ont parlé de leur intérêt pour la réparation et du sens de leur engagement au sein du repair café.
1. Une prise de consience et un engouement pour la récup’
Jérôme et Jérôme m’ont expliqué que la fréquentation au sein du repair café de Schaerbeek avait légèrement diminué en 2014. Et pour cause : le région bruxelloise compte beaucoup plus de lieux de réparation de ce type aujourd’hui qu’il y a deux ans. S’il n’y avait, à la fin de l’année 2012, que deux repair cafés dans toute la région bruxelloise, on en compte aujourd’hui pas moins de treize, répartis dans la plupart des communes de la région de Bruxelles-Capitale : les communes d’Ixelles, de Schaerbeek, de Jette, de Laeken, de Molenbeek, de Bruxelles-ville, de Brechem-Sainte-Agathe, de Saint-Gilles, de Watermael-Boitsfort, de Woluwe-Saint-Lambert, et d’Uccle.
Pour Jérôme et Jérôme, ce grand engouement pour les activités de réparation est dû en partie à un ras-le-bol – du type « on en a marre de se faire avoir » – mais aussi à un travail de sensibilisation, qui a notamment été facilité par la diffusion du documentaire d’Arte : « Prêt à jeter, ou l’obsolescence programmée, 2011″. Bref, il y a aujourd’hui une forme de curiosité et de « prise de conscience collective » à l’égard de ce problème d’obsolescence : les gens commencent à prendre conscience du fait que quelque chose ne va pas dans nos façons de produire et de consommer, et certains d’entre eux cherchent à comprendre ce qui ne va pas. « Il y a quand même beaucoup de gens curieux » – me confie Jérome Counet – beaucoup de gens qui ont le réflexe d’ouvrir l’appareil et de « se renseigner sur internet » avant de se présenter au repair café du coin avec la machine sous le bras.
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2. Apprendre à réparer les choses ensemble
Pour Jérôme et Jérôme, le but du repair café n’est pas de « réparer les choses à la place des gens », mais bien au contraire de « réparer ensemble », de réparer avec eux, de façon qu’ils puissent ensuite, à la prochaine avarie, être autonomes et réparer l’objet par eux-mêmes. « Il y a quand même un aspect pédagogique qui est là – me confie Jérôme Counet – on vous explique comment le faire pour que vous sachiez le refaire ». D’ailleurs : la plupart du temps, il ne s’agit que de petits problèmes, qui peuvent facilement être résolus en compagnie des propriétaires des appareils. Et puis, dans certains cas, plus rares – en électro par exemple – les réparateurs volontaires du repair café touchent à des choses un peu plus complexes, qui prennent plus de temps et d’effort et qui ne peuvent pas être immédiatement comprises et maîtrisées par le propriétaire de l’appareil.
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3. Une menace pour certains petits commerces ?
Il y a une réflexion en cours, au sein de certains repair cafés, sur les rapports à entretenir avec les commerçants locaux ; car, d’aucuns pourraient voir dans ces activités de réparation bénévole une forme de concurrence gratuite. Pour Jérôme et Jérôme, il y a ici un malentendu : ils estiment que les repair cafés jouent un rôle complémentaire et non un rôle de concurrent par rapport aux petits commerces de réparation comme les magasins de retouche et les ateliers vélo. Encore une fois : la philosophie de ces groupes de réparation n’est pas de « faire les choses à la place de gens ». Les bénévoles s’efforcent, par ailleurs, de renvoyer les gens vers des petits commerces locaux, dès qu’il s’agit de se procurer des pièces de rechange, ou de procéder à de grandes réparations.
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4. Le « repair coffee » : réparer en cercle restreint
Certains repair cafés – comme celui de Schaerbeek – organisent de temps en temps de sessions « off », privées, en cercle restreint, au cours desquelles les réparateurs bénévoles ont la possibilité de se retrouver autour d’une table afin de remettre en marche leurs propres appareils, qu’ils n’auraient pas forcément eu le temps de réparer lors des sessions publiques. Ces « off », ils les appellent ici les « repair coffees ». C’est aussi l’occasion de se retrouver dans une ambiance détendue pour s’occuper de réparation plus complexes, qui prennent plus de temps
Il s’agit souvent d’objets hi-tech, très miniaturisés, comme certains ordinateurs et des télévisions. Le pire du pire : les imprimantes. Disponibles sur le marché à des prix dérisoires, qui ne reflètent en rien les coûts de production, elles sont des caricatures d’obsolescence programmée : avec des cartouches qui s’arrêtent de fonctionner avant l’heure, des frais de réparation trois fois plus élevés que le coût d’un appareil neuf et des composants électro prétendument impossibles à remplacer dans les services après-vente. Bref, pour Jérôme et Jérôme, l’imprimante c’est la « machine maudite ».
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5. Remplir le vide laissé par d’anciens réseaux d’entraide, aujourd’hui disparus
Une seule petite déception à l’heure actuelle : le relatif manque de mixité sociale des équipes de bénévoles au sein des différents repair cafés et notamment celui de Schaerbeek. Si les repair cafés permettent de recréer du lien social au sein des quartiers de la région bruxelloise, ils semblent n’intéresser qu’une petite tranche de la population : des gens qui n’ont pas d’amis bricoleurs dans leur entourage immédiat ou qui ont simplement perdu l’habitude de faire appel aux réseaux d’entraide – famille, amis, voisinage etc. – pour réparer leurs objets cassés.
« Il y a quand même une forte communauté turque dans le quartier, mais eux ils n’ont jamais abandonné ces réseaux-là que nos grands-parents avaient. Eux, les ont toujours. Un voisin qui connait et qui peut réparer un truc … »
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Le repair café de Schaerbeek en quelques chiffres
12.
C’est le nombre de sessions qui ont été organisées au Repair Café de Schaerbeek en 2014. Il a ouvert ses portes chaque deuxième dimanche du mois de janvier à décembre entre 14h et 18h.
219.
C’est le nombre de bénévoles qui ont été impliqués, tout au long de l’année, avec une moyenne de 18 bénévoles par session. Le Repair Café peut également compter sur la motivation d’un groupe de 30 personnes régulières. N’hésitez pas à venir les rejoindre !
628.
C’est le nombre d’objets traités en 2014. Parmi ceux-ci, 51% sont orientés vers l’atelier électro, 20% vers la couture, 10% vers l’informatique, 10% vers l’atelier bois/divers et 9% vers l’atelier vélo.
72%
C’est le taux de réparation. Cela correspond à 428 objets qui sont repartis en bon état de marche chez leurs propriétaires.
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par Mathieu
Hebben jullie informatie over de data, uren en plaatsen waar in Schaarbeek
(en omgeving) het Repair Café doorgaat .
Bonjour,
Je voudrais participer à un atelier de réparation d’électronique/électroménager, afin, un jour, de créer un repair café au Pays basque. Le repair cafe de Schaerbeek est il ouvert aujourd’hui dimanche 13 sept?
Je suis à Bruxelles, ou me recommandez vous d’aller ?
Merci beaucoup de me répondre si vous avez le temps 🙂 à très vite!
Maitena
Bonjour Maitena, 🙂
Oui, 13 sept. à 14h au 307 rue des Coteaux
https://sites.google.com/site/repaircafeschaerbeek/fr
Et voici la carte des Repair cafés de Belgique
http://www.repaircafe.be/fr/