Le weekend passé, j’ai été invité à assister à un match au Royal Kituro Rugby Club, situé dans le quartier Terdelt (au numéro 50B de l’Avenue des Jardins). Sur un des deux terrains, se tenait un match de rugby féminin : l’équipe féminine du Kituro contre une équipe limbourgeoise. Sur le terrain d’à côté se jouait un tout autre match : une partie de Touch Rugby. Mais, qu’est-ce que le Touch Rugby me direz-vous ?
Eh bien, le Touch Rugby, c’est une variante soft du rugby : pas de contact violent, ni de plaquage au sol. Le jeu évolue par vagues successives, avec une équipe en attaque, une équipe en défense. A chaque « contact », le joueur qui se trouve en possession du ballon doit déposer ce dernier à terre, entre ses jambes, pour permettre à un de ses co-équipier de le récupérer. Tandis que le joueur adverse doit faire cinq pas en arrière. L’équipe en attaque, c’est-à-dire l’équipe qui se trouve en possession du ballon, dispose seulement de six tentatives pour marquer un essai.
Que dire de plus sur ce sympathique sport d’équipe ? C’est un sport mixte – avec des équipes qui mélangent parfois filles et garçons. C’est aussi un sport assez cosmopolite (en tous cas à Bruxelles) : les joueurs et joueuses communiquent en anglais, franglish et flemglish et ont curieusement l’air de se comprendre. Il y a enfin un côté très fraternel dans ce sport, qui vous le rendra tout de suite attachant.
Je vous laisse enfin avec cette question, qui – j’en suis sûr – vous taraude depuis un bon moment. Pourquoi notre club de rugby local s’appelle-t’il « Kituro » ?
(1) Si le club s’appelle Kituro, c’est à cause de Haroun Tazieff. Cet illustre scientifique belge était également une excellent rugbyman. Et, il proposa – de retour d’une de ses expéditions vulcanologiques – de baptiser le club bruxellois en référence à un volcan africain où il avait coutume de piquer un plongeon. C’est la raison pour laquelle le club a aujourd’hui un volcan pour emblème.
(2) Non, pas du tout. Le « kituro » (ou « guituro ») est, en réalité, un instrument traditionnel du Cap Vert, proche de la guitare. Une sorte de luth ovoïde. Il faut savoir que les locaux de notre club de rugby local étaient occupés, au départ, par une académie de musique créole baptisée « Guituro » ; laquelle était en conflit avec les membres du comité de quartier Wahis. Incommodés par ce qu’ils s’accordaient tous à qualifier de « musique oléi oléi », les membres du comité décidèrent un jour de manifester physiquement leur mécontentement devant les portes de l’académie. Les musiciens et les riverains se retrouvèrent ainsi bloc contre bloc. Alors que les deux camps étaient occupés à se lancer des anathèmes, le doyen du comité – Willy – eu l’idée géniale de prendre un guituro en otage. Quand les musiciens se précipitèrent sur lui pour récupérer l’instrument, Willy passa – par un habile mouvement de la main – le guituro à Monique, qui le passa ensuite à Réné, lequel se fit violemment plaquer à terre par un contrebassiste mozambiquais. Le rugby était né.
(3) Non, pas du tout. Si le Kituro s’appelle Kituro, c’est en réalité à cause de Bob et John : les deux joueurs qui fondèrent le club en 1961. En fin de troisième mi-temps, les deux hommes avaient l’habitude de se livrer à de terribles duels bibitifs, qui dégénéraient généralement (oui, je sais, c’est dégueulasse) en ignobles duels de rots. Le barman, qui endossait alors à contre coeur le rôle d’arbitre, demandait à la fin de chaque « round » aux deux compétiteurs s’ils tenaient vraiment à poursuivre le duel jusqu’au bout, ou s’ils ne préféraient pas se dire « on est quitte ». Et, c’est resté.