Place Meiser : un siècle de misères

Vous trouvez la place Meiser chaotique ? Eh bien, sachez que cet état des choses dure depuis longtemps. En 1912, les autorités ont eu la curieuse idée d’y placer, non pas un, mais deux ronds-points (sic), flanqués de deux terre-pleins triangulaires. Si quelqu’un parvient un jour à mettre la main sur une photo du lieu tel qu’il existait à l’époque, elle mériterait de figurer en bonne place dans l’ouvrage « Belgian solutions » de David Helbich.

La place Meiser en 1912

La place Meiser en 1912

Au début des années 1950 – la circulation automobile s’intensifiant – les autorités décident de réaménager la place autour d’un rond-point central. C’est l’époque du Plan Hondermarcq (1949) : on prépare en Belgique le développement d’un réseau autoroutier qui comprendra, entre autres, une connexion Liège-Bruxelles. La nouvelle autoroute A5 (rebaptisée E40) entrera à Bruxelles à hauteur de l’avenue de l’avenue du Diamant. Les travaux débutent à la fin des années 1960 et le boulevard Reyers devient … une « autoroute urbaine ».

« L’arrivée en ville de l’E40, buttant littéralement sur le boulevard Reyers, nécessite un réaménagement de la zone. De nombreux projets sont envisagés par l’Administration des Routes du Ministère des Travaux publics, ainsi que quelques contre-projets par la Commune de Schaerbeek. Comme les autres artères de ceinture, le boulevard Reyers est transformé en autoroute urbaine. L’E40 est canalisée en tunnels sous le boulevard, qui débouchent en trémies symétriques vers la place Meiser et vers le square Vergote. Afin de dégager le carrefour formé par les avenues de Roodebeek, du Diamant et des Cerisiers, un viaduc est envisagé dès 1967 entre la rue Général Gratry et l’avenue de l’Opale et construit au début des années 1970. Enfin, à l’angle de l’avenue du Diamant est établie une station sous-terraine de pré-métro, mise en service en 1972. » (source)

Les riverains s’opposent à ces nouveaux aménagements et créent – au début des années 1970 – un comité de défense contre les viaducs urbains. Mais, l’État reste sourd à leurs revendications. Aujourd’hui – quarante ans plus tard – le quartier est un des principaux « points noirs » de la mobilité bruxelloise : un entonnoir entre deux bouts d’autoroute urbaine. La région envisage donc d’y construire (à partir de 2019) un double-tunnel, avec une branche pour automobiles (entre le boulevard Reyers au boulevard Wahis) et une branche qui suivrait la tracé du tram 25 (entre le boulevard Reyers et l’avenue Rogier).

Ceci pose deux problèmes. Premièrement, ce projet de double-tunnel ne semble pas (encore) avoir été coordonné avec le projet de réaménagement du carrefour Diamant, 200 mètres en amont… Deuxièmement, la construction du double-tunnel impliquera vraisemblablement la destruction des travaux qui sont en ce moment entrepris à l’avenue Rogier ! C’est en effet au début de l’avenue Rogier que devrait déboucher (à partir de 2019) la rampe de sortie du tram 25. Les travaux actuels de l’avenue Rogier (destinés à réduire les nuisances du tram 62) et qui surviennent seulement cinq ans après la création de la ligne, n’auront-ils à leur tour qu’une durée de vie de cinq ans ?

Pour en savoir plus, j’ai rencontré Frederik, une des personnes qui ont relayé auprès de la commune et de la région les plaintes relatives aux nuisances du tram 62. « A l’achat – me dit-il – la STIB savait que [le T2000] était un tram qui allait causer des nuisances sonores et des vibrations. Il savaient que cela pouvait poser problème et qu’ils ne pourraient pas le faire circuler dans des rues étroites (…). Mais, au fur et à mesure, ils ont quand même essayé ».

Les riverains, soutenus par l’administration communale, ont eu gain de cause en 2013 (après que la STIB ait tenté un recours auprès du Conseil d’Etat). La région fut donc obligée de réadapter, cet été, les voies du tram 62. Mais, pour certains commerçants – comme le propriétaire de la Nueva Serenata – ces nouveaux travaux, qui surviennent quatre ou cinq ans après la création de la ligne, ont un coût : il a vu sa clientèle chuter pendant l’été, et ne s’est vu offrir qu’un dédommagement de quelques dizaines d’euros par jour … et cela, en sachant que la chaussée pourrait à nouveau être éventrée en 2017, voire avant. Le ministre-président de la région bruxelloise aimerait en effet que l’on avance le chantier du tunnel Meiser de quelques années afin de ne pas bloquer les artères Reyers et Louvain plus longtemps que de raison.

Nous allons voir comment donner un coup d’accélérateur au projet de la place Meiser initialement prévu en 2017. (R. Vervoort, 03/09/2014) »

Bref, cette seule et même avenue a vu passer un nombre impressionnant de pelleteuses ces dernières années : 20102011 et 2014. Aujourd’hui, se prépare-t-on à nouveau à ré-ouvrir une chaussée dont le bitume a à peine eu le temps de refroidir ? Réponse dans les prochains mois.

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  1. Place Meiser : tunnel ou tronçon de boulevard urbain ?

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