Vous l’ignorez peut-être : la région bruxelloise est propriétaire d’immense terrain de 24 hectares sur le site de l’ancienne gare de triage Josaphat, qui est située entre le boulevard Léopold III et le boulevard Wahis. C‘est l’équivalent de 32 terrains de foot. Cet immense espace public – qui fait à peu près la taille du parc Josaphat – est laissé à l’abandon depuis près de vingt ans (1994).
Crédit photo : Mich (BXL blog)
Il y a quelques années, un premier plan d’aménagement prévoyait que ce terrainpublic accueille des structures des Institutions Européennes. Ce projet a finalement été abandonné. Et, la région se demande depuis lors ce qu’elle va bien pouvoir faire de cet immense terrain vague. Le terrain attend donc depuis plusieurs années un PPAS (Plan Particulier d’Affectation du Sol) et un schéma directeur… Mais, comment ces plans et ces schémas directeurs sont-ils conçus ?
Généralement, les pouvoirs publics procèdent à une simple « conception en chambre », puis à « une vente au plus offrant, dans le meilleur des cas avec quelques concessions aux voisins, quelques logements sociaux pour la bonne conscience, des taux minimaux d’emplois à l’hectare pour les activités économiques et peut-être un espace vert résiduel » (Commons Josaphat, 21/04/2013). Or, ce terrain est public. Formellement, il est la propriété de tous. Et, il serait donc plus adéquat de décider collectivement du futur ce « bien public » (l’ancienne Gare Josaphat) en tant que « bien commun ». Veut-on y construire des logements publics bon marché, des fermes urbaines, des infrastructures sportives, des écoles … ?
Nous disposons aujourd’hui de modèles juridiques tels que les Community Land Trusts qui nous permettent d’envisager de façon crédible de concevoir ces 24 ha en propriété collective. Nous disposons de modèles financiers qui nous permettent d’envisager la production agricole en ville. Des centaines de personnes sont actives dans l’économie contributive. Des Etats généraux de l’eau n’attendent qu’un quartier pour redonner à l’eau son statut dans la ville. Il faut simplement que ces 32 terrains de foot prennent un autre voie de développement que celles que les pouvoirs publics donnent au foncier ces 20 dernières années. Il faut, par décision collective, que ce terrain chemine du bien public vers le bien commun et non vers le bien privé. Quelques orientations peuvent être saisies ailleurs pour emprunter cette route. Elles apparaissent comme des caractéristiques fondamentales qui demandent à être affinées collectivement et spécifiées localement pour les rendre totalement opérationnelles. (Commons Josaphat, 21/04/2013)
Ces questions vous intéressent ? Vous croyez pouvoir apporter votre pierre à l’édifice ? Sachez que l’équipe de Commons Josaphat cherche en ce moment à lancer un débat public sur ces questions, puis à élaborer un cahier des charges alternatif pour la « friche josaphat » avant juin 2014 (commons_jos_occupation[at]lists.entransition.be). N’hésitez pas à les contacter si vous souhaitez leur proposer votre aide. Et, dans le cas contraire, faites tourner cet article auprès de vos voisins et amis schaerbeekois…
Commons Josaphat est une plateforme autonome et libre de toute appartenance politique. Elle réunit des habitants, riverains ou citoyens militants, et des associations. Ce qui relie les acteurs de Commons Josaphat, c’est l’idée qu’il est possible de produire et de gérer notre ville en commun. Ce collectif s’organise de la manière la moins hiérarchisée possible. Chacun contribue à faire progresser cette intuition à partir de ses compétences, de ses envies et de ses capacités. Les actions et projets sont menés par des Groupes de Travail, lesquels se réunissent régulièrement en assemblée générale pour mettre en commun leurs avancées et définir une stratégie. Les actions et projets sont multiples : occupation de la friche, relation avec les habitants et le voisinage, appel à idées citoyen, réalisation de maquette, ateliers divers, etc. Commons Josaphat a également répondu à l’Appel à projet “Quartier durables” de Bruxelles environnement. Notre objectif est de parvenir avant juin 2014 à élaborer ensemble un cahier des charges alternatif pour le développement du quartier et à proposer une réponse parmi d’autres à ce cahier, une version qui décline ce que nous imaginons pour ce quartier, en inventant des biens communs (cf. Commons Josaphat).
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