Le journal que vous avez devant les yeux est loin, très loin, d’être la première gazette citoyenne et participative de Schaerbeek. En 1981, paraît le premier numéro du Courrier de Schaerbeek Saint-Josse : un journal local mais « non-localiste » – insistent les responsables de la publication. C’est-à-dire un journal qui s’adresse à des « habitants (qui) ne sont pas cloisonnés dans le territoire de leur quartier ou de leur commune ».
Dès le départ, les responsables du « Courrier » – Vincent Dozo, Christine Lambrecht, Joëlle Pierre et Marcel Xhaufflaire – s’efforcent de rendre la nouvelle gazette participative ou collaborative. Pour cela, ils organisent des ateliers d’écriture ouverts à tous les habitants de Schaerbeek et Saint-Josse. Au début de l’année 1981, une dizaine de personnes participent à la première édition de ces ateliers, centrée sur la thématique du logement. Le résultat de ces échanges se retrouvera dans le tout premier numéro du « Courrier », en février 1981. Outre le « sujet du mois », on y retrouve une « rubrique-service », un « courrier du coeur et courrier des rêves », une page « divertissement », ainsi qu’un roman photo.
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« Pourquoi (les habitants) ne se mettraient-ils pas aussi à s’informer les uns les autres sur ce qu’ils vivent quotidiennement dans leur famille, au travail ou pendant leur temps de loisir ? Non seulement lire le « Courrier » mais écrire dedans : voilà ce que propose l’équipe du journal aux Schaerbeekois(es) et aux Saint-Josse-ten-Noodois(es). A vous d’écrire, de photographier, de dessiner et enfin de vous publier » (Le Courrier de Schaerbeek Saint-Josse, n°1, Février-Mars 1981).
Le journal – édité par le Crayon Libre, sous le patronage de l’ASBL de santé mentale « La Gerbe » – est ensuite rebaptisé « Courrier 1030 ». En 1983, le Courrier 1030 ferme ses portes, mais donne naissance à « Radio Panik« . sous l’impulsion de Carlos Damata. Cette nouvelle radio libre permet de viser un public plus large. Elle s’installe dans un immeuble insalubre de la rue Gillon à Saint-Josse. A l’époque, on compte environ 200 radios libres en Belgique ; des radios qui après s’être battues contre l’Etat pour obtenir le droit d’émettre se retrouvent confrontées à une nouvelle menace : les radios commerciales. Trente-cinq ans plus tard, Radio Panik tient bon et reste un pilier du petit monde des radios libres en région bruxelloise.
« Les publicistes sont prêts à se lancer dans la plus petite faille que nous laisserions ouverte. C’est pourquoi – je l’espère – toutes les radios regroupées dans l’ALO (Association de Libération des Ondes) mettront autant de courage et d’imagination dans leur lutte contre les commerçants qu’elles en ont mises dans leur lutte contre l’Etat pour avoir le droit d’émettre » (Roger Noël, Association de Libération des Ondes, 1979)
Le courrier 1030 n’a eu qu’une très brève existence, mais a fait des émules au sein de la mouvance antiraciste bruxelloise des années 1980. En 1988, un groupe de Schaerbeekois, inquiets de la montée de l’extrême droite et de la figure de Roger Nols, décident de lancer « Démocratie Schaerbeekoise » : une publication trimestrielle qui se donne notamment pour mission de surveiller et de commenter les activités du conseil communal de la cité des ânes.
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