N’en déplaise aux spéculateurs fonciers, les potagers ont élu domicile dans de nombreux recoins de la ville : les parcs, les terrains abandonnés, les intérieurs d’ilots et les talus ferroviaires. On les voit aussi apparaître dans les cours d’écoles, sur les trottoirs, aux balcons et aux fenêtres. Il leur reste encore à conquérir nos toits, aujourd’hui déserts.
1. Dans les parcs publics et sur les terrains en friche
Des potagers se sont installés dans certains de nos parcs. Il y a par exemple un vignoble et un potager pédagogique aux serres communales du parc Josaphat, situées au numéro 411 du boulevard Lambermont. Elles n’ouvrent malheureusement leurs portes que de façon occasionnelle : en mai, lors des journées portes ouvertes, ou bien sur rendez-vous. Et puis, tout au long de l’année, des écoles – telles que l’école n°17, et la section horticulture de l’institut technique Frans Fisher – y organisent des activités.
De petits potagers ont également fait leur apparition – ces dernières années – au parc Rasquinet (dans le cadre du contrat de quartier durable Coteaux-Josaphat 2012-2015), au parc du Musée du Moulin (dans la commune d’Evere) et au fond du parc Reine Verte (entre la rue verte et la rue des palais). Il existe enfin un projet de pépinière et de ferme urbaine, actuellement en cours de développement au niveau de la friche Josaphat, dans le cadre de l’appel à idées « Commons Josaphat« . L’entrée de la friche se trouve à hauteur du numéro 237 de l’avenue Gustave Latinis.
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2. Dans les cités-jardins et les anciennes cités ouvrières
Le Cité ouvrière de Linthout a été construite à partir de 1869, sur le modèle de la Cité ouvrière de Mulhouse. Elle s’étend sur un terrain de deux hectares, situé entre l’avenue de Roodebeek et la rue Général Gratry. Si vous parcourez un jour les ruelles de ce petit bout de campagne, situé à un jet de pierre d’un des coins les plus pollués de Bruxelles (Reyers), vous y découvrirez, par-delà les murets, une série de potagers familiaux.
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3. Dans les intérieurs d’ilot
Nous vivons dans une des villes les plus vertes d’Europe. Or, dans certains quartiers, cette végétation ne se voit pratiquement pas. Car, elle se trouve souvent en intérieur d’ilots, ou dans des zones privées et coupées de l’espace public. Devant ce constat, le Foyer Schaerbeekois a pris la résolution d’ouvrir l’accès à trois intérieurs d’ilots dans le nord de Schaerbeek et d’y installer des potagers. Ainsi, depuis 2013, l’ilot Haecht-Destrée-Marbotin-Agriculture est accessible au niveau de l’entrée de garage du numéro 680 de la chaussée de Haecht. Le Foyer Schaerbeekois a également installé un potager en bacs dans l’ilot voisin (Haecht-Agriculture-Marbotin-Dejase), accessible aux numéros 26-28 de la rue Marbotin. Il reste encore à aménager un accès public pour l’ilot Van Droogenbroek-Helmet-Huberti.
Une série de potagers en intérieurs d’ilots ont également vu le jour sans le cadre des contrats de quartiers durables. Le potager de l’île aux bains dans l’ilot Kessels-Fiers-Coteaux (Kessels-Lehon 2005-2009), le potager Potamoes dans l’ilot Potagère-Philomène-Limite (Liedekerke 2010-2014), et, plus récemment, le potager Masui dans l’ilot Reine-Masui-Anvers, à la limite entre la ville de Bruxelles et la commune de Schaerbeek. Le CPAS de Schaerbeek a enfin développé un potager au sein de l’ilot Vinçotte-Clays-Artan (Maison de repos Albert de Latour).
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4. Dans le quadrilatère ferroviaire de Bruxelles-Nord
Dans le Quadrilatère Nord – le long de la ligne 36 qui relie Haren-Sud à Schaerbeek – se trouvent le potager Walckiers (« Helmetôjardin »), qui a été lancé dans le cadre d’un contrat de quartier durable (Helmet, 2011-2014), et le potager « rue du Château », plus ancien. Etant implantés au sein d’un parc classé, ils ne sont plus menacés de destruction. Un peu plus à l’Ouest, entre la gare de Schaerbeek et la gare du Nord, se trouvent les potagers de la rue Navez et de la rue Stephenson, qui s’étendent respectivement sur 1,2 hectare et 1,28 hectare.
La gestion du potager Navez a été reprise en 2014 par la commune de Schaerbeek ; ce qui a permis aux potagistes présents sur le terrain de conserver leur activité et aux nouveaux venus de signer des contrats de location annuels … à 40 centimes le mètre carré. Parmi les nouveaux venus, se trouve l’Institut Frans Fischer, qui loue aujourd’hui 30 ares de terrain pour développer des activités pratiques au sein de sa section horticulture.
« Ce terrain d’une superficie de 1,2 hectare appartient à Infrabel qui a décidé, il y a quelques mois, de mettre fin aux différentes conventions particulières conclues avec les jardiniers dans le but de trouver un seul et unique interlocuteur pour l’ensemble du site. De peur de perdre leur carré de terre, les potagistes se sont donc tournés vers la commune de Schaerbeek qui a négocié avec le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire belge pour reprendre la gestion de ce site et ce, contre un euro symbolique » (La Libre Belgique, 12 mai 2014).
Encore plus à l’ouest, se trouve le potager Skieve weg : un potager collectif de 50 ares localisé au niveau du numéro 270 de la rue du progrès, à une centaine de mètres de la poissonnerie. Pour les responsables de ce petit jardin-potager, le but du Skieve weg est plus social qu’alimentaire : il s’agit pour eux de « promouvoir la diversité au sein de la communauté, un lieu de vie basé sur le bien-être et l’échange de savoir dans un quartier qui en a réellement besoin ».
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.5. Sur les talus ferroviaires (des lignes 126 et 26)
Sur la ligne 126 qui part vers le sud et relie la gare de Schaerbeek à la gare de Schuman, se trouvent également une série de potagers. Vous trouverez par exemple, sur le talus ferroviaire qui longe l’avenue Deschanel, une série d’arbres fruitiers et un potager géré par l’ASBL « Le Talus ». Le sol étant pollué, les responsables de l’association ont fait le choix d’y développer des cultures en bacs. « Nous sommes un groupe d’habitants de Schaerbeek – expliquent-ils – réunis autour d’un terrain avec la volonté commune d’apprendre à cultiver les fruits et légumes que nous mangeons et espérant stimuler les rencontres entre habitants du quartier (cf. site de l’ASBL Le Talus).
Enfin, sur la ligne 26, qui relie Meiser à Evere, se trouvent quatre potagers : le potager Cambier-Rogier (0,66 hectare), qui a été lancé en 2008 par une ixelloise ayant elle-même assuré la majeure partie des travaux de nettoyage et d’assainissement du sol, le jardin collectif Cambier tuin (0,11 hectare) lancé sous l’initiative de l’administration communale et le jardin d’Ernest tuin (0,098 hectare), un autre jardin collectif, situé le long des locaux de l’unité scoute du Corbeau noir. Plus loin sur le ligne 26, en direction d’Evere – à la fin de la Rue Gilisquet – se trouve enfin un potager everois de 0,141 hectare.
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6. En pleine rue
Si le but d’un potager est de créer des rencontres, des échanges et des activités porteuses de sens, alors pourquoi ne pas développer de toutes petites activités potagères, en pleine rue ? C’est une des questions qui guident le projet « incredible edible » ; une expérience communautaire – originaire de Totmorten en Angleterre – qui consiste à utiliser l’espace public pour y faire pousser des légumes ou des herbes aromatiques. Catherine Piette a importé le principe des incroyables comestibles à Schaerbeek, en 2013. « Duurzaam Dailly Durable » a suivi son exemple l’année suivante, en lançant un mini-potager au croisement de la grande rue au bois et de la rue Bossaerts. Les gens de la poissonnerie ont également développé un petit potager de rue au numéro 214 de la rue du progrès.
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7. Dans les cours d’écoles
Les potagers sont devenus des outils pédagogiques à part entière au sein de certaines de nos écoles. A partir de 2012, des activités potagères ont été développées dans les sections maternelle et primaire de l’école n°1, rue Josaphat, à l’initiative de Barbara Scandariato et Pascal Louis. La section maternelle de l’école n°2, a également développé un projet intitulé « de la graine à l’assiette » en collaboration avec la cellule pédagogique du Service Propreté et Espaces Verts de la commune : repérage d’un coin ensoleillé de la cour de récréation, dépavage, aménagement de carrés, semis, plantage d’arbres fruitiers, arrosage et enfin récolte de légumes et de fruits. D’autres écoles schaerbeekoises – comme l’école n°17 – leur ont récemment emboîté le pas.
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8. Aux fenêtres
Britta Riley est une jeune new-yorkaise passionnée de jardinage, et vivant dans un petit appartement sans terrasse. En 2009, elle a l’idée d’accrocher à sa fenêtre un potager vertical, bricolé avec des bouteilles en plastique et alimenté par une pompe à eau. Elle apprend, progressivement, à y faire pousser des fines herbes, des laitues, des tomates cerises, des fraises, des poivrons, des cornichons, des piments et des petits pois. Au fil des jours, elle construit autour d’elle une communauté open source, qui compte aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de membres (windowfarmers). Parmi eux, Fabien, ancien membre de Schaerbeek en transition… Moins sophistiqué que les windowfarms, mais tout aussi chouette : le potager vertical situé en amont de l’avenue Huart Hamoir, à proximité du square Riga. Ici, la recette est simple : pas de système hydroponique. Juste une série de bacs en bois placés contre la fenêtre et un alignement de pots bien exposés.
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9. Aux balcons
Pour ceux et celles qui – contrairement à Britta – ont la chance d’avoir accès à un balcon ou à une terrasse, le plus simple, c’est peut-être de rester à l’horizontale : un lopin de terre ensoleillé d’un mètre carré permet de faire pousser toutes sortes de légumes : haricots, épinards, tomates, courges, laitues, roquette, poireaux etc. Cette année, l’association dewey à organisé trois initiations potagères à Schaerbeek (« un potager sur ma terrasse ») ; une quatrième édition aura lieu au début de l’année 2015 (info@dewey.be).
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10. Sur les toits
Bruxelles progresse à petits pas, dans le développement des potagers sur toits : un règlement bruxellois impose aujourd’hui de « verduriser » les toitures plates de plus de 100 m2. Et, pour le symbole : un potager de 350 m2 a été été créé sur les toits de la bibliothèque royale (KBR). A Schaerbeek, Renovas a créé un potager en bacs sur le toit de la maison des citoyens « Soleil du Nord » (Aerschot-Progrès 2001-2005) et s’est chargée de la pose de « toitures vertes » dans le quartier Helmet (Helmet 2011-2014), en collaboration avec les Jeunes Schaerbeekois au Travail (JST).
A l’avenir, de nombreux autres toits pourraient être aménagés en potagers ou en fermes urbaines. Mais, pour cela, certaines conditions doivent être réunies. Il s’agit de trouver (1) des toitures plates, (2) de large superficie, (3) avec une portance suffisante, (4) un accès facile, (5) de bonnes possibilités d’évacuation et (6) une équipe de gens prêts à se lancer dans l’aventure. Autre facteur important : la proximité d’un établissement scolaire, d’une école d’horticulture, d’un campus, d’un restaurant social, d’un atelier protégé ou d’une maison de repos. Si le thème des potagers sur toits vous intéresse, je vous invite à contacter le début des haricots. Si cela peut vous donner des idées : voici quelques toits de grande superficie qui pourraient réunir certaines des conditions mentionnées plus haut.
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Par Mathieu
Précision au sujet de « 8. Aux Fenetres »
C’est aussi un potager de nuit 😉 (photo sur : http://ovh.to/um3cr74)
Car ce ne sont pas de simple bac en bois.
Ils cachent l’éclairage nécessaire sans lequel aucune plante ne pourrait y survivre, La facade est au nord et cachée par un magnifique Gingko-Biloba.
Au risque de vous décevoir, ce n’est donc pas vraiment écologique.
Mon rêve est de voir de la neige sur le trotoir et des tomates, oranges, poivrons, olives, et que sais-je, à ma fenêtre.
Mais, ma plus grande satisfaction c’est de voir le plaisir des gens qui s’arretent et passent un petit moment devant ma fenêtre. Me font un signe pouce levé ou un petit bonjour.
Il y les classes d’enfants, les vielles personnes, les jeunes « home growner », les bonnes soeurs et les barbus avec leur femmes voilées. Bref, tout le monde sans distinction d’age, de race ou de religion. Certains prennent même la peine de sonner pour me parler.
Cela me conforte dans l’idée que l’etre humain à un bon fond.