On parle beaucoup de René Magritte en ce moment. Le musée Magritte de Bruxelles a en effet prêté une douzaine de toiles au MoMa, qui met actuellement les oeuvres de l’artiste surréaliste à l’honneur, à l’occasion d’une rétrospective intitulée « The Mystery of the Ordinary« . Cette exposition new-yorkaise, qui se concentre sur la période d’or de l’artiste (1926-1938), s’achèvera le 12 janvier 2014, et sera ensuite présentée à Houston et à Chicago. Les toiles prêtées rentreront ensuite à Bruxelles en septembre de l’année prochaine.
C’est donc pour moi l’occasion de vous parler de la vie schaerbeekoise de René et Georgette Magritte. Ils ne sont pas Bruxellois d’origine. Ils viennent tous les deux de la province du Hainaut. Ils se sont croisés pour la première fois à la foire de Charleroi de 1913 : Georgette avait 13 ans, René en avait 15 ans. Le père de Georgette était boucher à Marcinelle. Les parents de René était stylistes à Lessines. Mais, les affaires de ceux-ci avaient très mal tourné : au point que la mère de René se jeta dans les eaux de la Sambre. Après le suicide de sa maman, René se réfugia dans la peinture (activité pour laquelle il se passionnait depuis sa rencontre avec un peintre dans le cimetière de Soignies).
René et Georgette se perdirent alors de vue. Et, sans leur passion commune pour la peinture, les chemins de ceux deux-là auraient bien pu ne jamais se recroiser. René commença à suivre des cours à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, des cours qu’il jugeait intéressants, mais trop sérieux et trop peu inspirants. Les héros artistiques de René devirent Giorgio De Chirico et Jean Metzinger. Au terme de ses études, en 1919, René emménagea dans le bas de Schaerbeek (43, rue François-Joseph Navez), non loin de l’atelier où il travaillait, en compagnie de Pierre-Louis Flouquet.
En 1920, un jour qu’il flânait dans une galerie d’art bruxelloise, René se retrouve nez-à-nez avec Georgette Berger, la fille de Marcinelle. Elle est magnifique. Elle étudie le modernisme. Lui commence à se faire un nom dans le milieu de la peinture. Il tombe éperdument amoureux d’elle. Elle tombe amoureuse de lui. Deux ans plus tard, ils se marient et emménagent dans une maison de la commune de Jette.
Bon, je vous épargne le passage où Réné développe son talent artistique et devient un peintre mondialement connu, pour en venir à l’essentiel : c’est-à-dire la vie de René, Georgette et leur chien après la guerre. En 1955, les Magritte quittent la commune de Jette, où ils habitaient depuis trente ans pour s’installer à proximité du Parc Josaphat, aux numéros 207 et 404 du Boulevard Lambermont. Ils y resteront deux ans, puis emménageront dans une petite rue plus tranquille, dans le quartier des fleurs : au numéro 97 de la rue des mimosas.
En juin 1967, René et Georgette partent en vacances en Italie avec deux amis schaerbeekois (écrivains tous les deux) : Louis Scutenaire et Irène Hamoir. Quelques semaines après leur retour de voyage, René décède d’un cancer. C’est le 15 août 1967. Georgette Berger décède onze vingt ans plus tard, en 1986. Leurs dépouilles sont enterrées au Nouveau cimetière de Schaerbeek. Là-dessus, je vous laisse avec cette petite chanson de circonstance de Paul Simon (la moitié de Simon & Garfunkel), intitulée « René et Georgette Magritte avec leur chien après la guerre ».
Rene and Georgette Magritte
With their dog after the war
Returned to their hotelsuite
And they unlocked the door
Easily losing their evening clothes
They dance by the light of the moon
To The Penguins
The Moonglows
The Orioles
and The Five Satins
The deep forbidden music
They’d been longing for
Rene and Georgette Magritte
With their dog after the war (…)(Paroles de Paul Simon : « René and Georgette Magritte with their Dog after the War« , 1983)
une belle histoire!!!
je trouve aussi, ça me donne envie de lire sa biographie…
C’est vrai que c’est une belle histoire, à la fois romantique et nostalgique. Et j’aime beaucoup cette chanson de Paul Simon.
Splendide chanson. 🙂 par moments, elle ressemble un peu à « for no one » des beatles.
Je n’avais pas fait le rapprochement. Ce n’est pas la chanson des Beatles que je connais le mieux.
j’ai lu récemment un super article sur lui dans TIME: the mystery of Magritte… j’ai retenu une phrase: »he was married all his life to the same woman and dressed most days like a bank clerk… » 🙂 Il avait qqchose de « hitchcockien »! 🙂
oui, c’est curieux : même femme, même style artistique, même habits, même ville, même accent hainuyer… 🙂