Quand j’étais gosse, je me souviens que – issu dans un beau quartier d’Etterbeek – je voyais la place Flagey d’un oeil méprisant comme d’un endroit glauque, sale, triste, mal famé et sans intérêt. En vingt ans, c’est devenu un des coins les plus appréciés et les plus animés de la ville. Le quartier a été « revalorisé » comme on dit : il n’y a plus aucun trottoir défoncé. Des dizaines de restos et cafés nikolaistes ont ouvert leurs portes. Puis, il y a une place toute neuve, des étangs réaménagés etc. Pourquoi je vous parle de ça : parce qu’aujourd’hui, certains verraient bien la place Lehon (à Schaerbeek) se transformer en un nouveau Flagey. Mais, pourquoi la place Lehon ?
Aucune ville de 130.000 habitants qui se respecte ne dispose d’aussi peu d’infrastructures conviviales au cœur des différents quartiers qui la composent. Et donc on sort ailleurs… Avec tous les problèmes de transport que cela génère. Avec tout le sentiment d’insécurité que des rues vides peuvent inspirer en plein cœur de la nuit. Avec tout le manque à gagner pour des structures qui pourraient gagner leur vie à Schaerbeek. (…) Alors, en 2013, l’ouverture du premier “Belga” Place Lehon? (Blog d’Yves Goldstein)
Une dynamique semble en tout cas s’être enclenchée aux abords de la place : on a vu apparaître une épicerie bio sur l’Avenue Louis Bertand (Namasthé), une librairie de quartier juste en face (100 papiers), un café-concert à côté de l’église Saint-Servais (le Bar du Gaspi) et de nouveaux événements conviviaux au Parc Josaphat (Apéros du Parc)… Même si j’aime tous ces endroits – que je trouve accueillants et agréables – l’idée de « revaloriser » le quartier me pose un petit problème.
Comment faire pour que le développement de ces lieux et la « valorisation du quartier » ne provoque pas les mêmes effets que dans le quartier Flagey à Ixelles : c’est-à-dire une homogénéisation, une gentrification du quartier. Ben oui, on ne va pas se mentir : derrière la jolie façade de mixité sociale de la place Flagey, se cache un « entre-soi » : « valoriser » c’est généralement synonyme de « chasser« .
Chasser qui? : ben les gens qui ne veulent pas payer leur bière à plus de 1,50EUR, ceux et celles ne parviennent pas à suivre la hausse des loyers, ou encore ceux et celles qui ne se sentent pas à l’aise dans un bar au design impeccable. Alors, est-ce qu’on veut vraiment que Lehon et Louis Bertrand se transforment en un nouveau Flagey ? Ben, je vous pose la question. Pour ma part (si c’est pour renforcer encore davantage la fracture entre le haut et la bas de la commune) peut-être pas …
Tu poses une très bonne question Mathieu, pas si facile d’y répondre…Je crois qu’il faut se demander ce qui fait une vie de quartier animée, effectivement il y a les bars et les restos sympas, les petits commerçants, mais il y a aussi et surtout la vie associative et la politique communale avec la maison de quartier et la maison des jeunes qui permettent de donner vie au quartier tout en incluant toutes les couches sociales. Voilàa pour ma petite part de réflexion 🙂
merci… 🙂 je me dis que se serait chouette de voir se développer de nouvelles formules de lieux conviviaux, qui puissent mêler musique, sport, activités artistiques, consommations bon marché …
Je trouve l’idée d’Yves Goldstein excellente : développer des lieux conviviaux en concertation avec les comités de quartier et l’ensemble de la population schaarbeekoise, et non de développer un projet à sens unique, comme ça, sans leur aval. Je suis sûr que ce serait un plus pour le quartier; socialement, économiquement, culturellement… Les prix risquent de monter, oui, peut-être un peu… mais ça ne veut pas dire qu’on expulse les pauvres de schaarbeek.. selon moi
il a raison de dire que les lieux conviviaux sont encore trop rares à Schaerbeek. Mais, je trouve ça juste très maladroit de parler d’un nouveau « belga » : un lieu plutôt cher, plutôt exclusif …
Ce soir il ya un docu qui me fait penser à ce sujet dans le cadre du festival des libertés: http://www.festivaldeslibertes.be/2013/fase6.php?event=743#743 c’est l’exemple d’un Community Land trust dans un quartier défavorisé de Boston qui a permis l’amélioration du quartier sans faire partir les les habitants d’origine.
super, merci pour l’info 🙂